Comment expliquer le lien entre l’origine sociale et les inégalités de résultats au collège ?
Malgré une légère amélioration, l’impact de l’origine sociale sur la réussite au collège reste importante. Ainsi, en 2007 un enfant de cadre a plus de deux fois plus de chance d’arriver « à l’heure » (c’est à dire sans avoir redoublé) en seconde générale qu’un enfant d’ouvrier non qualifié. (1)
Dans le numéro du 26 mai 2015 de la revue Education et Formation (DEEP) , une analyse (2) sur l’évolution du niveau des élèves de la sixième à la troisième en fonction de leurs caractéristiques familiales, permet de préciser la construction de ces inégalités. Son intérêt réside dans la distinction des différentes dimensions des acquis. L’enquête montre que « les inégalités sociales sont relativement figées de la sixième à la troisième » quand il s’agit de compréhension de l’écrit ou de capacité de raisonnement. Pour ces compétences, « les apprentissages ne permettraient pas de résorber les écarts liés à l’origine sociale mais ils n’aggraveraient pas les différences »
Par contre « pour les épreuves de mémoire encyclopédique et de mathématiques, le collège accroit les inégalités sociales »
Les auteurs voient dans ces résultats l’impact de la « culture scolaire ». Les enfants des milieux populaires n’ont pas eu accès dans leur famille au discours et aux usage scolaires (vocabulaire utilisé dans les manuels…)
Ces liens ont largement été étudiés par la sociologie depuis les travaux de Bourdieu et Passeron (3) mais, l’intérêt de l’étude réside dans l’analyse des facteurs explicatifs des différents raisonnements et compétences scolaires.
(1) Caille J.P. . Education & formations, n° 85, Nov.2014
(2) Ben Ali L., Vourc’h R. Education & formations, n° 86-87, Mai 2015
A partir de l’exploitation des données du panel d’élèves du second degré entrés en sixième en 2007 (35 000 élèves de collèges publics ou privés sous contrat)
(3) Bourdieu P., PasseronJ.C. (1964) Paris, Editions de Minuit