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Pédagogies innovantes au pays des sourds

Le master FOSTER (Formation pour l’Ouverture des Sciences, des Technologies, de l’Education et de la Recherche) du CRI (Centre de Recherche Interdisciplinaire) est l’occasion de vivre des démarches pédagogiques inspirantes.

C’est au cœur du Marais que, dans une ambiance effervescente et bienveillante, le Centre de Recherche Interdisciplinaire a ouvert un nouveau champ disciplinaire : où recherches scientifiques et expérimentations se marient autour de l’innovation dans l’éducation. Les étudiants sont invités à co construire de nouvelles façon d’apprendre aux frontières des disciplines, de la recherche et du numérique. Le CRI est un laboratoire d’où émergent déjà des projets transdisciplinaires répondant aux enjeux éducatifs contemporains.

C’est dans ce « bouillon de curiosité » que Fanny Maugard et Amandine Mansilla de l’association Signes de sens, nous ont entrainé pour un voyage au pays de sourds.

Première étape, et non des moins troublantes, la découverte de la langue des signes. Assis en rond autour de Fanny et Amandine, avec une avidité d’enfants, nous avons appris nos premiers mots. Amandine, sourde de naissance et Fanny,formatrice bilingue, ont mimé un petit vocabulaire nous permettant d’exprimer les idées les plus simples.

Pour faire passer un message, les expressions du visage et le corps entier sont mobilisés. Notre culture nous apprend plutôt à nous exprimer en maitrisant nos sentiments. Ici, au contraire, regard, mimiques et postures permettent de faire passer bien plus que les mots.

En tentant de nous exprimer bien maladroitement en langue des signes, nous mesurons la difficulté de l’échange et nous apercevons la richesse et le signifiant de la communication par les signes.

Contrairement à ce que nous pensions, il n’y a pas une langue des signes universelle mais chaque langue a la sienne, certains signes sont même différents en fonction des régions françaises. Une embuche de plus sur le chemin des malentendants.

Amandine, dont le regard pétille de vivacité, nous explique les immenses difficultés dans la scolarisation. Les enfants sourds sont majoritairement scolarisés dans des structures dépendant du ministère de la Santé et non de celui de l’Education Nationale. L’accès aux établissements scolaires comme aux concours pour enseigner dans ces derniers leur est impossible comme a pu l’expérimenter Amandine Mansilla.

La langue des signes n’est pas proposée en formation aux enseignants et s’il existe une option au bac, elle est encore largement méconnue.

Quelques établissements, principalement à Toulouse, relèvent ce défi. La réussite de ces dispositifs de scolarisation et d’apprentissage incluant des élèves sourds tient en grande partie à la capacité́ des enseignants et de l’environnement scolaire à répondre aux besoins liés à la déficience auditive, mais aussi et surtout à accepter et prendre en compte la différence de l’élève sourd, notamment en matière de communication, sans penser que ses capacités d’adaptation seront suffisantes pour compenser.

La communication écrite et le développement de la communication par mails et SMS devraient permettre un décloisonnement. Fanny Maugard nous explique que cela n’est pas si simple, la syntaxe de langue des signes étant très différente de celle des entendants.

Par exemple pour dire : "il est rentré tard chez lui", il faut avant tout « signer » la maison. L’ordre des mots est diffèrent, le décor par exemple devant être premier.

La communication repose donc en grande partie sur le visuel. Fanny Maugard nous lance donc le défi de transmettre une idée, un savoir ou une histoire avec un support exclusivement visuel (vidéo, animation, dessins, mimes…)

Amandine sera, lors de la dernière intervention, notre juge.

Si elle comprend ce que nous avons voulu dire, nous aurons réussi à créer un support pédagogique accessible à tous, entendants comme sourds.

C’est là, tout le sens de l’intervention de Fanny et Amandine dans le cadre du Master Foster. Au delà de la découverte de l’immense richesse de la « culture des sourds « et de la situation d’exclusion, du monde éducatif en particulier, dans laquelle ils se trouvent, nous avons expérimenté des solutions pédagogiques innovantes pour tous.

Pour prolonger ce "voyage", il faut regarder le merveilleux documentaire Le pays de sourds réalisé par Nicolas Philibert

http://www.telerama.fr/cinema/films/le-pays-des-sourds,14969.php

Pour aller plus loin :

L’association Signes de sens http://www.signesdesens.org

L’International visuel théatre (dirigé par Emmanuelle Laborit est un laboratoire de recherches artistiques, linguistiques et pédagogiques sur la langue des signes, les arts visuels et corporels.) http://www.ivt.fr

http://www.handiplace.org/media/pdf/autres/guide_scolariser_eleves_sourds_et_malentendants_142904.pdf

Livres

Véronique Poulain (2014) “ Les mots qu’on ne me dit pas “Stock

Olivier Sacks (2009) “Des yeux pour entendre : voyage au pays des sourds” Seuil

L’autobiographie « Sourde, muette, aveugle : histoire de ma vie » d’Helen Keller (Bien qu'elle fût sourde, muette et aveugle au début de sa vie, elle parvint à obtenir un diplôme universitaire. Sa détermination a suscité l'admiration, principalement aux Etats-Unis) Son autobiographie a inspiré la pièce, puis le film, Miracle en Alabama.

Films

“Sourds et malentendus” de Sandrine Hrman et Igor Ochronowicz

http://www.vodeo.tv/documentaire/sourds-et-malentendus

Film “Marie Heurtin” de jean Pierre Améris

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